lundi 30 septembre 2013

 L...

Tu te souviens ce jour-là, L... ? Nous avions bougé pour aller sous ce vieux lavoir défraichi au charme désuet qui longe la rivière. Cette rivière et ses petites maisons qui la borde, son petit pont, ses végétations qui l'ombrage, généreuses, bercées par un été clément. J'avais faim de toi, et toi tu t'en fichais de tout, tu voulais profiter de chaque instant car tu savais comme moi que ce que nous vivions aller bientôt disparaitre dans les cachots de l'oubli ou de la mélancolie. J'en avais tellement conscience. C'était comme dans un rêve que je pouvais contrôler. Ça c'est la plus belle sensation que j'ai pu ressentir depuis des années. Je savais que le réveil serait brutal mais il fallait que ça se passe. Qu'on s'échange le bonheur que chacun procurait à l'autre. Je devrais prier pour que tu ne regrettes rien. Je t'aimais et je ne voulais pas être triste. Je voulais être celui qui ouvre des chemins pour toi. Te pousser dans le vide, la chute peut-être agréable tu sais L...? Aimerais-tu que cette rivière soit bavarde et qu'elle raconte tout ce qu'elle a vu de nous? Non, moi je n'aimerais pas parce que le secret des choses interdites est un délice qui fane si l'on l'expose. Tout cela murit en moi comme un rêve jamais évanoui, enflammé de couleurs et de sensations qui m'ensorcellent. Comme si que la terre s'agenouillait pour nous. Ou plutôt Dieu. Que pouvait-on espérer de plus que ces visions chatoyantes qui évoquaient l'ancienne France, les cachettes que notre curiosité finissait toujours par découvrir, l'odeur des journées finissantes et du temps qui passe, indolent, baignés de chants d'oiseaux qu'ils semblaient célébrer.
Durant ces journées d'Aout, les barrières du réel et de notre misérable condition ont perdu du terrain sur celui d'une insouciance enfin retrouvée. J'allais dire insolence. Il en fallait et nous en avions. Je m'en rend mieux compte aujourd'hui;  la passion trompe la mort. 






Par une fin d'après-midi à Beynes, en l'an 2013.

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