lundi 28 novembre 2016

A propos de Paradis artificiels


Dans son numéro du 1er août 1917, le Mercure de France a publié, au cours d'un article signé par M. René Emery, une pièce inédite de Baudelaire qu'il avait fait précéder des lignes ci-dessous :  

" On a recueilli, comme de précieuses reliques, les moindres fragments, vers ou proses, qui n'étaient pas compris dans l'édition dite définitive des oeuvres de Baudelaire éditée en 1868. Dans aucun des ouvrages qui les ont publiés, je n'ai vu figurer les vers suivants sur les Paradis artificiels; ils proviennent d'un prote de l'imprimerie Poulet-Malassis, qui les avait conservés, ainsi que quelques lettres relatives à la composition et à la correction de la seconde édition des Fleurs et des Épaves."



Les Paradis artificiels ! Blondes fumées,
Acres saveurs, rêves divins, vivante mort,
Délicieux oubli des femmes trop aimées
Et des chagrins passés, qui nous minent encor.

Maîtresses de jadis que je croyais parfaite,
Monstres câlins, amour, caprice, cruauté,
Les drogues sont pour nous tout ce que vous nous êtes,
Moins les noirs lendemains de l'Infidélité.

Elles versent la vie enivrante et factice,
Le sommeil excité, le mensonge troublant,
L'âme ivre, anéantie, obéit au caprice
Du rêve qui l'emporte, et lorsque s'éveillant,

Impuissante, elle assiste à la mort d'un beau songe,
Lorsqu'elle nous revient, notre âme croit rêver :
C'est la réalité qui lui semble mensonge,
Vous êtes les débris d'un rêve inachevé.



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http://secretdepoisons.eklablog.com/l-opium-ou-la-fascination-des-poetes-a114859974


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